Planche 54 : esquisse

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Nous allons découvrir le bois sacré qui est au pied du grand Bouddha de Pierre dont nous avons parlé dans l’article précédent. Ce jardin est inspiré plus ou moins consciemment d’un vrai jardin secret qui existe au Tibet. Il s’appelle le Lukhang et j’en ai déjà parlé sur mon blog il y a 7 ans. « Le Lukhang – temple des esprits serpents – émerge d’un bosquet de saules, au milieu d’un lac situé derrière le palais du Potala, à Lhassa, la capitale du Tibet. Le dalaï-lama actuel considère ce temple peu connu comme l’un des joyaux cachés de la civilisation tibétaine. Bien que, à ce jour, on ne dispose d’aucun document fiable relatif à la construction du Lukhang, le plan du pavillon  d’origine est attribué à Tsangyang Gyatso, le Sixième Dalaï-Lama (intronisé à Lhassa en 1697) moins enclin que ses prédécesseurs à remplir ses devoirs religieux et cérémoniels, fut le seul dalaï-lama à renier ses vœux monastiques. Mêlant vision spirituelle et plaisirs terrestres, il composait des poèmes mystiques et recevait ses amantes au bord du lac, derrière le Potala. A l’étage le plus élevé, auquel on accède par une échelle de bois poli et une trappe, se trouve une petite salle où les chefs spirituels du Tibet avaient coutume de se retirer pour des périodes d’intense méditation.

Il y a trois siècles, des artistes inconnus ornèrent ses murs de peintures extraordinaires, uniques dans l’histoire de l’art tibétain. Présentations visuelles qui  ont inspiré les incarnations successives des dalaï-lamas sur leur chemin vers l’illumination, elles illustrent quelques-uns des enseignements les plus élevés de la tradition tantrique tibétaine, en particulier les pratiques de méditation attachées au Dzogchen, l’une des plus anciennes traditions du bouddhisme tibétain.
Normalement ces pratiques mystiques des tantra bouddhiques ont toujours été transmises oralement de maître à disciple. Ces enseignements yogiques secrets n’ont été formulés aussi ouvertement que sur les murs du Lukhang, offrant un aperçu unique de ce que l’on désigne souvent de manière poétique comme la «lignée murmurée ».
Elles montrent les moyens pratiques par lesquels le corps et l’esprit peuvent être transformés afin d’atteindre un état d’omniscience. Elles montrent que l’art, dans son expression la plus haute, peut révéler un chemin que les mots sont incapables d’exprimer pleinement.

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(Fresque du Lukhang : Un yogi pratique le tummo, yoga de la chaleur intérieure. Le Septième Dalaï-Lama a dit: «Les énergies vitales produites par des moyens intérieurs ou extérieurs sont conduites dans notre canal central, ce qui allume des feux mystiques… Les lettres AH et HAM flambent, tombent et vibrent, nous transportant jusqu’au bout du chemin primordial de la vision pénétrante et de la Grande Félicité. Les lumières du feu mystique lancent des éclairs dans cent directions, appelant les bénédictions de Bouddhas illimités comme l’espace. »)

Sur le mur nord, elles s’attachent aux techniques yogiques visant à transformer les essences subtiles du corps physique et à développer son mandala intérieur de chakras et de canaux d’énergie psychique. Le mur ouest illustre les pratiques de la tradition du Dzogchen, la Grande Perfection, par lesquelles l’esprit perçoit directement son intime nature de bouddha. Les portraits de sages tantriques vénérés qui ornent le mur est célèbrent la compassion et les pouvoirs spirituels naissant spontanément de la pratique des méthodes illustrées sur les deux autres murs. Comme le dit le Dalaï-Lama, les vies exemplaires de ces maîtres de la voie tantrique reflètent un potentiel caché, latent chez tous les êtres. »

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Ian Baker & Thomas Laird, Le Temple secret du Dalaï-Lama, Editions de La Martinière, 2000

Et toujours pour lire l’histoire : RÉSUMÉ – CHAPITRES : 1 – 2 – 3 – 4 – 5 – 6 – 7 – 8 –

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